La psychologie positive

Anne Hairy Psychologue à Paris 10 présente la psychologie positive.

 

On entend souvent parler de psychologie positive à la télévision et dans la presse, et le terme est devenu à la mode cependant il n’est pas toujours compris.

La psychologie positive est assez récente, elle a été officiellement lancée en 1998 par un discours de Martin Seligman alors président de l’ American Psychological Association. Seligman y soutenait que la psychologie avait porté trop exclusivement sur la maladie mentale, et les problèmes psychologiques négligeant totalement l'autre extrémité du spectre à savoir le bonheur et le fonctionnement harmonieux. Ce constat a ouvert la voie à de nombreuses recherches scientifiques portant sur la nature et les déterminants de l’épanouissement humain. Ainsi les recherches scientifiques sur le bonheur publiées annuellement sont passées d’environ 200 pour l’année 1990-1991 à plus de 1000 pour l’année 2008-2009. 

La psychologie positive, est donc l’étude scientifique des émotions positives, qui nous permettent d’éprouver une plus grande joie de vivre, et des déterminants du bien-être.  La  psychologie positive est révolutionnaire en ce qu’elle s’intéresse à ce qui rend les gens heureux.

 Son objectif est de développer la capacité d’aimer et d’être aimé, de donner du sens à nos actions, d’être responsables de ce que nous pouvons changer, d’être résilients face à ce que nous ne pouvons pas éviter. La psychologie positive se penche par exemple sur les émotions positives et la gratitude, le sens de la vie et l’engagement vers un but, l’espoir et l’optimisme, l’empathie et la compassion. Un des résultats les plus notables de la psychologie positive est l’importance démontrée de notre connexion aux autres. Les gens sont le plus heureux lorsqu’ils sont en compagnie d’autres êtres humains. La simple poursuite du plaisir , ne conduirait pas à un bien-être durable. Ce qui construirait le bonheur, ce serait  l’engagement dans une relation amoureuse, une famille, un travail, une communauté  ou « donner du sens à son action ».

De plus les émotions positives ouvriraient l'esprit et élargiraient la palette des pensées et des actions. Elles engendreraient des comportements plus flexibles, accueillants, et créateurs. Le développement de ces émotions positives présenterait donc un avantage évolutif dans la mesure où il nous aiderait à élargir notre univers intellectuel et affectif, à nous ouvrir à de nouvelles idées et expériences.Les émotions positives telles que la joie, le contentement, la gratitude, l'émerveillement, l'enthousiasme, l'inspiration et l'amour sont bien donc plus qu'une absence d'émotions négatives. Ces émotions positives ne se réduisent pas à une simple neutralité de l'esprit : elles sont sources de profondes satisfactions. À l'inverse de la dépression, qui provoque généralement une plongée en vrille, les émotions positives engendrent une spirale ascendante : « Elles construisent la force d'âme et influencent la façon de gérer l'adversité, » écrit Fredrickson.

Mais le message le plus important de la psychologie positive reste sans doute que nous avons tous en nous une aptitude naturelle au bonheur et, que dans une large mesure, il nous appartient de décider si nous allons, ou non, lui donner sa chance.Et c’est cette démarche que j’essaye de favoriser, entre autre, avec mes patients au cours de mes psychothérapies. La psychothérapie permet alors d’influencer notre niveau de bien être subjectif selon les efforts que nous faisons. Cela nécessite un entraînement régulier, comme n'importe quel apprentissage. Il convient de faire des exercices pour s'entraîner au bonheur.Et c’est cet entraînement qui modifie progressivement et à long terme nos câblages donc nos automatismes cérébraux. Les recherches sur la neuro-plasticité du cerveau l’ont démontré.

En pratique il peut s’agir, par exemple, de noter dans un journal (au moins une fois par semaine) les événements les plus positifs que nous avons vécus et comment nous y avons contribué. Certaines recherches ont démontré qu’après seulement six semaines (à peu près le même temps que celui nécessaire à l’action d’un antidépresseur…), la satisfaction que nous procure notre vie s’améliore considérablement (R. A. Emmons et M. E. McCullough, Counting Blessings Versus Burdens : An Experimental Investigation of Gratitude and Subjective Well-Being in Daily Life, Journal of Personality & Social Psychology, 2003, 84 (2), 377-389).

Cette démarche ne se situe donc pas tant dans une approche de réduction du stress, mais elle vise à développer des capacités plutôt que réduire des difficultés. Cependant il ne s'agit pas de toujours positiver mais d'équilibrer les émotions positives et négatives avec plus de fréquence dans les émotions positives ; car positiver face à des gens en dépression peut aggraver leur cas. Il faut attendre que l'équilibre soit revenu. Ainsi nous devons rester critique face aux nombreux, voire trop nombreux, messages de "positive attitude" qui prolifèrent aujourd'hui dans la société comme autant d'injonctions toxiques. De plus, être trop dans les émotions positives peut entraîner une perte du réel, mais aussi un manque de culpabilité et de mauvaise conscience, qui en évacuant l'inconfort, peut aboutir à  la violence et à l’égoïsme.

Ainsi pour moi m’intéresser à la psychologie positive, en tant que thérapeute, ne consiste pas à  percevoir ou à observer le monde d’une manière idéalisée, comme au travers de lunettes roses. Il ne s’agit pas non plus de mettre de côté les connaissances acquises sur la souffrance psychique et sur les moyens d’y remédier. Je considère plutôt qu’à côté des multiples problèmes et dysfonctionnements s’exprime et se développe toute une vie riche de sens et de potentialités. Tout comme il est important d'étudier avec rigueur les pathologies, il faut en faire autant pour mieux cerner les déterminants de l'épanouissement humain et le favoriser. Il est essentiel de s’entraîner à percevoir ce qu’il y a de gratifiant et de joyeux plutôt que se concentrer seulement sur les difficultés. Et que le rôle central de la psychologie  devrait être d’aider chacun à trouver cet équilibre vers le positif, (M. E. P. Seligman et M. Csikszentmihalyi, Positive Psychology : An Introduction, American Psychologist, 2000).

 

Quelques ouvrages de référence sur le sujet :

ANDRE Christophe, Vivre heureux. Psychologie du Bonheur, Odile Jacob, septembre 2004, coll. « Poche Odile Jacob ».

ANDRE Christophe, Imparfaits, libres et heureux. Pratiques de l’estime de soi, Odile Jacob, Mars 2006.

ANDRE Christophe, De l’art du bonheur. 25 leçons pour apprendre à vivre heureux, L’Iconoclaste, 4 novembre 2011, coll. « ESSAI ».

BEN-SHAHAR Tal, L’apprentissage du Bonheur, Belfond, 15 avril 2010, coll. « Esprit D’ouverture ».

BEN-SHAHAR Tal, Apprendre à être heureux, Belfond, 15 avril 2010, coll. « Esprit D’ouverture » .

BONIWELL Ilona, Introduction à la psychologie positive, trad. Cécile Menon, Payot, 03 octobre 2012. 

COTTRAUX Jean, La force avec soi, pour une psychologie positive, Odile Jacob, septembre 2010, coll. « « Poche Odile Jacob ».

NEUVILLE Cécile, Le secret du bonheur permanent, Nouvelle méthode de psychologie positive appliquée, Editions Quotidien Malin, mai 2013.

SELIGMAN Martin, La force de l’optimisme, Intereditions, avril 2008. Coll. « Techniques de développement ».

SELIGMAN Martin, préface de LECOMTE Jacques, La fabrique du bonheur, Intereditions, 25 mai 2011, coll. « Epanouissement personnel * F ».

SHANLAND Rebecca, La psychologie positive, Dunod, 19 septembre 2012.


En savoir plus sur la thérapie de couple à Paris 10.