Anne Hairy Psychologue à Paris 10 les conditions nécessaires au fonctionnement de l'hypnose.
L’état d’hypnose est un état passager d’attention modifié, c’est un état d’attention focalisé ou l’on se sent plutôt calme et profondément relaxé.
Dans certains cas il y a une extension du champ de conscience avec une actualisation de ses ressources et, dans d’autres cas, l’hypnose se traduira par une mise au repos du corps avec une augmentation de la pensée imagée. Dans cet état, l’on demeure conscient. Cependant l’on ne se souvient pas toujours de tout ou on ne conserve qu’un souvenir parfois assez flou de la séance. En effet si l’hypnose ne crée pas de véritables amnésies, on assiste souvent à une difficulté à se remémorer en détails l’expérience hypnotique.
Pour être très synthétique, je décrirais l’état hypnotique comme étant à la fois l’activation des circuits attentionnels et des circuits de détente chez un individu. J’ajouterai que l’hypnose est la situation où la personne en état hypnotique peut percevoir autrement sa réalité et ainsi modifier la façon dont il la perçoit et la vit. En effet depuis les travaux de Milton Erickson, la pratique hypnotique n’est plus uniquement fondée sur des suggestions dans lesquelles l’hypnothérapeute propose directement au patient la solution d’un problème. Dans de nombreux cas, la participation active du patient s’avère utile pour favoriser le processus thérapeutique. De la pratique de l’hypnose ainsi comprise résulte un approfondissement de la communication et de la relation avec mes patients.
Cela permet ainsi à mes patients de mettre à profit l’état hypnotique pour accéder à leurs ressources intérieures, trop souvent inexploitées. L’idée est que chacun d’entre nous n’utilise qu’une petite partie de nos capacités. Chacun est doté d’une grande capacité d’adaptation et de changement : modification de la perception de sa douleur, pouvoir d’action sur son état dépressif…
L’hypnose n’atteint vraiment complètement son objectif que lorsqu’elle sert à la mise en place d’un changement qui vient du patient lui-même. Changement rendu possible par la transe, la relation au thérapeute et l’accès par le sujet à ses propres ressources. On peut analyser la technique employée de la façon suivante : au lieu de situer l’attention du sujet dans le contexte de la séance elle est directement engagée dans un imaginaire du passé, un imaginaire comportant une forte charge émotionnelle. Dans ce passé, le patient avait su apprendre. L’induction sous-entend que le patient a toujours en lui cette ressource d’adaptation et de progrès qui va lui permettre d’apprendre tant l’hypnose que de nouveaux comportements nécessaires à sa thérapie. L’engagement dans l’imaginaire qui permet ce passage est un engagement à aller à la rencontre des diverses ressources qui pourront l’aider en ce sens.
Mon approche de l’hypnose replace donc le sujet au centre de la pratique, prône une non directivité et accompagne plus que dirige le patient. Un autre aspect que je développe est le développement des capacités au « lâcher prise ». Il s’agit de la mise en place de formulations diminuant la pression , et facilitant l’attitude positive ou encore désarmant les résistances.
On peut parler de « laisser aller » ou de « laisser faire », correspondant à une suggestion de diminution de l’exigence qu’un sujet s’impose à lui-même, ou du niveau de vigilance convoqué pour faire face à une situation. L’hypnose, notamment par la réorganisation perceptive qu’elle induit, permet d’atteindre un nouvel état de vigilance, moins épuisant pour chacun, tout en répondant aux exigences anxieuses et à un certain besoin de contrôle. Cela peut être très libérateur en particulier pour des patients souffrant d’anxiété généralisée que j’ai vu devenir beaucoup plus calmes et détendus au fil des séances. L’état hypnotique est donc un outil qui s’avère souvent extrêmement utile dans ma pratique de psychologue psychothérapeute.
Je me permet de vous suggèrer la lecture du livre d’Antoine Bioy réédité en 2012 « L’hypnose » (InterEditions, collection Découvrir).
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