Ces dernières années les médias ont beaucoup parlé des pervers narcissiques et le concept de perversion narcissique a été mis un peu à toutes les sauces sans toujours être vraiment compris comme vous l'explique votre psychologue paris 8.
Je vais essayer de clarifier certains points, tout d’abord les pervers narcissiques en tant que tels ne viennent pas consulter les psychologues ou psychiatres car ils ne souffrent pas, étant majoritairement dépourvu d’empathie et de culpabilité.
Ce sont leurs victimes, vous peut-être, que nous rencontrons très souvent profondément abîmés par cette relation. Les victimes se heurtent souvent à l’incompréhension générale. La relation d’emprise est définie par : l’atteinte aux droits les plus élémentaires des personnes « emprisées » (dignité et intégrité psychique ou physique) .
Le pervers narcissique, met en place des dépendances dans le cadre d’une relation d’emprise, afin de prendre le pouvoir sur autrui. La notion de domination dans la relation d’emprise suggère l’exercice d’un pouvoir, dominateur, par lequel l’autre se sent subjugué, contrôlé, manipulé, maintenu dans un état de soumission et de dépendance.
Ce rapport à autrui se met en place par trois pratiques relationnelles spécifiques, qui sont : la séduction, la domination/emprise et enfin la destruction.
La séduction
Durant cette phase, le prédateur se façonne un masque de perfection exactement adapté aux attentes de la personne visée, par mimétisme. Sont alors principalement utilisé la flatterie, l’admiration envers la victime, les attentions, la générosité: le but étant de dire à la victime ce qu'elle a envie d'entendre,la perfection dans l'apparence. Souvent le prédateur pervers narcissique bénéficie d'un fort charisme, qu'il met tout d'abord au service de sa victime en la valorisant. Durant cette phase de manière générale la victime est stupéfiée dans le sens positif, elle pense qu'elle a rencontré une personne hors du commun, qu'elle attendait depuis longtemps...
Il ne s’agit pas d’une séduction classique mais d’une phase de captation grâce à une séduction unilatérale (ou « narcissique »), cette séduction est à sens unique, le pervers narcissique cherche à ensorceler son objet sans se laisser piéger par l’attraction que ce dernier pourrait exercer sur lui.
L'emprise
Durant cette phase, le prédateur vérifie le lien de dépendance affective qu'il a réussi à mettre en œuvre. Le prédateur va vérifier ce lien au travers de différents moyens tels que : la communication paradoxale(exprimer une chose et son contraire) mais aussi agir de manière inverse à ses paroles, la création de situations de stress et d'instabilité émotionnelle, les mensonges (prêcher le faux pour savoir le vrai), mais également en rejetant sa responsabilité sur l'autre, ou en culpabilisant l'autre pour le faire agir à sa place.
C’est à ce stade là également que le pervers narcissique isole sa victime grâce à un travail de dénégation de la victime auprès de son entourage, ou l’inverse un discours de dénégation de l'entourage auprès de la victime. L’isolement est une des stratégies principales utilisées par les pervers narcissiques pour mettre en place leurs relations d’emprise. L’exclusion et la terreur deviennent alors les armes principales de l’emprise avec recours à la violence psychique et/ou physique, faisant souvent appel à la discrimination, aux manipulations etc.
La victime est alors stupéfiée dans le sens négatif, elle ne reconnaît pas la personne et s'attend à un retour de ce qu'elle a vécu et apprécié, elle commence à nier ses propres besoins; c'est l'entrée dans la phase d'emprise!
La destruction
Durant cette phase, le prédateur utilise le lien créé pour progressivement mettre à mort la vitalité de l'autre, grâce à la manipulation systématique, l’exigence de la perfection chez l'autre, les menaces, la domination, la remise en cause de la santé mentale de la victime, la négation des besoins de l'autre, la destruction narcissique de l'autre pour obtenir à ses dépends un sentiment de toute puissance et de pouvoir absolu, le plaisir et la jouissance en suscitant la peur et la souffrance chez l'autre. Cela se fait via certaines stratégies tout d'abord d'inversion, le prédateur fait passer la victime pour l'agresseur et se fait plaindre, mais aussi de discrédit, le prédateur utilise son charisme pour amener le groupe à discréditer l'autre et à se moquer de lui, par la tentative de faire passer la victime pour folle et dangereuse. Parfois par des coups et blessures. Lorsque les personnes sont suffisamment engagées dans la voie tracée par le pervers narcissique, l’emploi de la force peut succéder à celui de la séduction et le système devient alors autonome.
Mais en cas de « rébellion », les périodes de séduction peuvent réapparaitre. C’est donc par une alternance de phases de séduction et de violence que croît la relation d’emprise. Ce que le pervers narcissique vise, c'est que la victime s'épuise à se débattre et résister, et qu'elle ne puisse pas se soustraire à l'emprise, de façon à ce qu'il puisse absorber ses ressources vitales afin de satisfaire son ego.
Les personnes soumises à ce traitement sont sidérées et n’ont pas d’autres choix que de répondre à cette situation en développant des stratégies d’adaptation pour réduire leur état de stress à un niveau supportable. L’état de sidération a pour conséquence d’entrainer une dissociation mentale interdisant aux personnes « dissociés » d’analyser et de comprendre la situation afin de trouver solution et délivrance. La victime est confuse, elle perd tout sens critique ce qui permet chez elle la coexistence paradoxale d’un non-consentement et d’une acceptation. C’est ce que Racamier dénomme le “décervelage”. La victime n'arrivera progressivement plus à réagir. Elle est, petit à petit, complètement vidée de l’envie de vivre et de ses capacités d'autonomie... Jusqu'à ce qu'elle décide de se sevrer de la dépendance affective qui l'a lie à son bourreau, parfois dans de terribles souffrances.
L’utilité de consulter un psychologue si vous êtes victime est tout d’abord de vous aider à comprendre les mécanismes en œuvre dans une relation d’emprise afin de vous aider à vous en déprendre et donc, dans un certain sens, de reprendre le contrôle de votre libre arbitre.
Une situation d’emprise est une voie sans issue, une impasse psychique et relationnelle. Tant qu’elle n’est pas démasquée, l’emprise est une histoire sans fin. Les configurations de l’emprise sont parfois difficiles à reconnaître, d’autant plus si elles s’inscrivent dans le registre de la perversion, où elles sont alors habilement masquées ou camouflées, puis, si elles sont pointées du doigt, leurs auteurs les nieront, ou les justifieront de façon parfois très raffinée l’aide d’un psychologue peut s’avérer utile voire indispensable dans de nombreux cas. N’hésitez pas à me consulter car l’emprise n’est pas une fatalité. Il est possible d’en sortir, quelle que soit sa forme, quel que soit le temps qu’elle dure. Tout peut prendre fin, même l’aliénation la plus installée. Par ailleurs, les témoignages montrent que, si beaucoup de personnes font l’expérience pénible de l’emprise, elle peut aussi être l’occasion d’une meilleure connaissance de soi, d’une plus grande affirmation et d’une progression vers plus de liberté.
Bibliographie :
Dorey R. (1981), « La relation d’emprise », In Nouvelle Revue de Psychanalyse, n° 24.
Hirigoyen M F. (1998), Le harcèlement moral, Syros.
Racamier P C. (1995), L’inceste et l’incestuel, Les Editions du Collège.